INTERVIEW. Pour Gérard Larcher, la droite "ne doit pas revenir" sur la fusion des régions
Le président (Les Républicains) du Sénat Gérard Larcher assure dans une interview accordée à LORACTU.fr que la droite ne devra pas revenir sur la réforme des régions pour éviter un «big-bang» des collectivités territoriales. Il répète aussi son soutien à François Fillon engagé dans la course de la primaire de la droite et du centre.
Manuel Valls a fait des annonces en faveur des régions jeudi 29 septembre à Reims. Il a notamment annoncé la fin des dotations d’Etat permettant aux régions de profiter d’une partie des recettes de la TVA. Comment jugez-vous cette avancée ?
Ces annonces portaient sur le mode de financement de transfert de compétences auparavant assurées par les départements. Le gouvernement avait le choix entre la TVA et les dotations de l’Etat, il a tranché. Je pense que les annonces de Manuel Valls vont dans le bon sens. Nous sommes toutefois à huit mois de l’élection présidentielle, méfions-nous donc des paroles de l’exécutif. Dans le domaine de l’emploi, l’Etat doit aller plus loin dans la confiance qu’il accorde aux régions. Donne-t-on vraiment la tutelle de Pôle Emploi aux régions ? Non, pas encore.
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La droite doit-elle revenir sur la fusion des régions une fois l’alternance actée en 2017 ?
Il ne faut pas que chaque alternance soit l’occasion d’un big-bang pour les collectivités territoriales. Les élus ont besoin de stabilité. Il faut bien sûr continuer à réformer nos collectivités mais plutôt parfaire l’imparfait. On doit rendre plus fort nos métropoles sans oublier les territoires ruraux mais aussi revoir les contours de la loi NOTRE. Dans le Grand-Est par exemple où la réforme a été difficile, il faut laisser digérer la fusion de l’Alsace, de la Champagne-Ardenne et de la Lorraine. Je ne partage par la proposition de Nicolas Sarkozy – qui ne dit plus tout à fait ça d’ailleurs – de défaire ou de démarier les régions. Il faut aujourd’hui s’interroger sur la relation qu’entretiennent les communes avec les intercommunalités.
Vous plaidez également pour le maintien des départements que Manuel Valls souhaitait voir disparaître d’ici 2021 avant de faire marche arrière.
Que serait le Grand-Est sans la Meurthe-et-Moselle, les Ardennes ou la Meuse ? Les départements sont indispensables pour la proximité et surtout pour la ruralité.
François Fillon a assuré qu’il y avait un «problème» avec l’islam en France, partageant au passage le point de vue de nombreux responsables de la droite et du Front national. Partagez-vous son constat et ses propositions sur le sujet ?
En avril 2015, j’ai fait des propositions avec Claude Bartolone, le président PS de l’Assemblée nationale sur ce sujet après les attentats de janvier. L’islam est la deuxième religion de France. Elle ne pose pas, dans la majorité des cas, de problème. Il y a toutefois 25% des musulmans de France qui assurent que les lois de leur religion sont supérieures à celles de la République. Il faut être intraitable sur l’islam radical, c’est la démarche engagée dans les propositions de François Fillon.
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Vous soutenez M. Fillon qui s’est engagée dans la course de la primaire et du centre. Il est le quatrième homme, ne progresse pas dans les sondages et il a du mal à se faire entendre. Qu’est-ce qui cloche ?
D’abord, on peut dire que cette primaire se passe très bien. Il faut que ça soit un succès avec au moins 4 millions de votants. Il faut que nous répétions que cette élection est ouverte à tous les citoyens de droite et du centre. Aucune carte d’adhérent n’est nécessaire. Il faut que le débat de la primaire se déroule dans un contexte éthique. Pour le moment, c’est un débat intéressant.
François Fillon a le projet le plus abouti. Il a un bon projet et si pour exister ou se faire entendre comme vous le dites, il faut être provocateur, je ne pense pas que ça soit la bonne stratégie. Il peut être entendu par les Français. Son projet pour la France est fait de chocs pour réformer en profondeur le pays. Il y a aura un second tour de cette primaire puis une élection présidentielle. Le plus important c’est que la famille soit rassemblée.
Nicolas Sarkozy a vécu une semaine catastrophique : mise en examen de proches, affaire Bygmalion, livre de son ex-conseiller Patrick Buisson, révélations de Médiapart, sondages en baisse… Doit-il s’expliquer voire renoncer ?
Une telle décision lui appartient. Il y a un seul principe qui prime et que je défends : la présomption d’innocence. Les non-lieux, vous savez ne font pas beaucoup de lignes dans ls journaux quand ils sont prononcés. Je fais confiance à la justice. Quant au livre de Patrick Buisson, je ne l’ai pas lu et ça ne mérite pas de commentaire, ni d’attention. Ces méthodes sont inacceptables.
- Le gouvernement ne doit pas imposer l'accueil des migrants aux communes -
Le maire FN d’Hayange veut priver le Secours Populaire de son local car le maire considère l’association comme une «succursale du parti communiste» et «pro-migrants». Qu’en pensez-vous ?
La position du maire de cette commune est inacceptable. L’association du Secours Populaire est au service des plus pauvres, des plus fragiles. Le maire FN d’Hayange doit se souvenir qu’il est dans une République, la France est une République. Bien sût qu’il faut appliquer une politique ferme sur l’immigration mais ces hommes et ces femmes méritent un traitement digne et humain quand ils arrivent en France.
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A propos des migrants, le gouvernement s’est engagé à démanteler la Jungle de Calais d’ici l’hiver puis répartir les réfugiés dans les régions de France. Certains présidents de droite se sont montrés très hostiles à l’accueil de réfugiés. Partagez-vous ce combat, notamment de Laurent Wauquiez et de Christian Estrosi ?
Ce ne sont pas des compétences du ressort des présidents de régions. C’est une compétence de l’Etat et se sont les communes qui sont sollicitées pour la répartition des migrants de Calais. L’Etat ne peut pas, c’est la loi, ouvrir de centres dans des communes sans concertation préalable avec les maires. Le droit d’asile, c’est l’honneur de la France. Il faut le respecter. Quant à l’immigration illégale, il faut des reconduites fermes aux frontières. L’Etat doit prendre sa charge de la question européenne des réfugiés et structurer son accueil. Le gouvernement doit assurer sa responsabilité. Il ne peut pas imposer l’accueil des réfugiés aux communes et aux collectivités locales.
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Quelle est votre position sur le non cumul des mandats qui s’appliquera à partir de 2017 ?
Revenir en arrière sur une loi qui s’appliquera en juin 2017, c’est compliqué pour un nouveau président de la République. Il y a bien d’autres propriétés. Dans le fonctionnement actuel des institutions, c’est difficile. Toutefois, je suis attaché au fait qu’on ne puisse pas cumuler plus qu’un mandat parlementaire et un mandat d’exécutif local. Si on a que des parlementaires qui n’ont pas d’implantation locale, de contact avec le terrain, la réalité et la gestion d’une ville par exemple, c’est grave. Les parlementaires de la République ne doivent pas être hors sol.
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