INTERVIEW EXCLUSIVE. Jean Lassalle: "il faut reconstruire la France à partir de la commune"
Le candidat de Résistons! Jean Lasalle s'est fait remarquer lors des débats télévisés par on verbe et son accent du sud-ouest. Ancien allié de François Bayrou, le candidat de la ruralité et du terroir pense que les Français ne veulent aucuns des grands candidats. Interview.
LORACTU. A huit jours du premier tour, les Français doivent choisir un candidat et un projet parmi 11 prétendans. Que signifie votre candidature et pourquoi avez-vous décidé de vous lancer ?
Jean Lassalle - ; Je n'ai pas pu faire autrement. Je savais que ça allait être difficile voire incencé. Je vois l'état de notre pays et comment le monde évolue. Nous sommes incapable de la moindre initiative. La France est absente de tout. Elle n'a plus de fierté. Je ne me voyais pas faire une quatrième campagne avec François Bayrou alors que la dernière fois en 2012, ça été dur. Le MoDem n'avait plus d'idées. Nous n'avons plus d'industrie, d'agriculteurs, de commerçants, d'artisans de luxe... Je voyais tout ça.
Tout ne va pas mal non plus, bien sûr mais le contexte que l'on voit est bien réel. Je voyais bien venir une campagne de merde où on allait rien dire... Je ne pensais pas que la démocratie était descendue aussi bas avec cette speculation et cette concurrence présentes à tous les étages.
Pourquoi ne pas avoir rejoint François Bayrou et Emmanuel Macron ? Le centre est pourtant votre famille politique et elle semble bien placée, selon les sondages, pour remporter cette présidentielle...
Cela me paraissait impossible de faire une quatrième campagne avec François Bayrou. Sinon, j'aurai dû mentir beaucoup. Déjà que la troisième a été très difficile pour moi... Le MoDem n'a plus d"idées. J'ai fait le tour de 15 pays européens et sa position sur l'Europe n'est plus compatible avec les Français, ils rejettent cette vision européenne. Dire que nous allons continuer comme ça sur l'Europe, c'est mentir aux Français. Rejoindre Emmanuel Macron aurait été une erreur quoique ce candidat ne manque pas de talent. Il a apporté un souffle nouveau mais il est le contraire de ce que je suis en politique.
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Vous comptez "retaper" la France. Comment comptez-vous vous y prendre ?
"Retaper" c'est un terme juste. J'aurai pu dire "reconstruire" mais c'est prétentieux. Retaper c'est juste parce que tout ne pas si mal en France. Dans une maison, on retape ce qui ne va pas, c'est pareil pour notre pays. Il faut retrouver un grand espace politique et financier. Je dois reconstruire une étable qui tient debout. Il faut dégraisser la fonction publique. Je veux un Etat efficient dans tous les territoires, urbains comme ruraux et permettre à la France de retrouver sa devise +liberté, égalité, fraternité+. Il faut reconstruire la France à partir de la commune car on a les maires parmi les plus puissants du monde. Les Français reconaissent la République et la commune. Je veux aussi retirer les troupes militaires du Moyen-Orient et rétablir une école républicaine, rétablir le service civique et militaire dès 18 ans. Je veux aussi aider nos jeunes à passer leur permis de conduire, investir massivement dans la recherche fondamentale, offrir aux jeunes deux points et demi de cotisation pour leur retraite...
La fusion des régions portée par le gouvernement de Manuel Valls a ouvert des plaies dans le Grand-Est, notamment en Alsace qui a fusionné à "marche forcée" avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Marine Le Pen souhaite rendre l'Alsace aux alsaciens et supprimer les régions. François Fillon se dit ouvert à des expérimentations, Benoit Hamon ne veut pas y toucher... Quelle est votre position sur la question ?
C'est le seul étage où je n'ai aps encore pu prendre position et arrêter un avis. J'en discute avec mes équipes. Il y a des hommes et des femmes en jeu.
- "Certains ne savent pas pour qui voter parce qu'ils ne savaient pas que j'existais" -
A chaque élection présidentielle, le concordat d'Alsace-Moselle est discuté dans la campagne. Cette particularité est très appréciée par les habitants des trois départements. Quelle est votre position sur le sujet ? Doit-on le réformer ?
Je pense qu'on a d'autres chats à fouetter dans cette campagne plutôt que d'aller foutre le bordel dans cette région qui a le plus souffert ces deux derniers siècles. Il y a des dogmes plus importants. Je n'ai aucune envie de toucher à cela. Le concordat fait partie de nos traditions, du charme de nos territoires.
Plus de 150 000 travailleurs traversent chaque jour une frontière dans le Grand-Est pour se rendre au Luxembourg, en Allemagne, en Belgique ou en Suisse. Les frontaliers rencontrent de nombreuses difficultés liées aux infrastructures de transports. Concrètement, comment améliorer leur quotidien ?
Moins, nous emmerdons les habitants, mieux le pays se portera. Dans votre région, on ne peut pas faire autrement. Ces candidats, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan (qui veulent rétablir le contrôlme systématique aux frontières, NDLR), veulent emmerder les gens. Il faut toutefois contrôler d'avantage nos frontières où on passe de la drogue, des armes, ou des personnes pour la prostitution. Mon rôle n'est pas d'aller emmerder les travailleurs frontaliers.
A sept jours du premier tour, quel est le message que vous adressez aux électeurs qui sont encore nombreux à ne pas savoir pour qui voter le 23 avril ?
L'incertitude au fond me rassure au vue de la campagne que nous vivons. Il est normal que de nombreux Français hésitent encore. Certains ne savent pas pour qui voter parce qu'ils ne savaient pas que j'existais. Si François Fillon est élu, il ne passera pas l'automne. Une certaine gauche a en effet un sentiment de revanche et ne laissera pas passer les réformes. S'il est élu, des millions de Français seront dans les rues et ne voudront pas rentrer chez eux. Et Emmanuel Macron ? Certes c'est rafraichissant mais vous l'imaginez avec une Assemblée de droite revancharde qui a perdu la présidentielle et une certaine gauche caviar ? Déjà que les relations sont difficiles avec la droite et le centre... Et si M. Mélenchon gagne, ce n'est même pas la peine lui qui veut rejouer la Révolution. Il fa se faire Hamoniser dans les derniers jours de la campagne. La France, enfin, ne veut pas de Le Pen. Une majorité de Français résiste encore.
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