La France appelée aux urnes dimanche sur fond de menace terroriste
La campagne officielle des onze candidats à la présidentielle s’est achevée vendredi soir dans un contexte ultra-tendu où les affaires et le terrorisme ont largement dominé les débats et les prises de parole. Les sondages donnent quatre candidats dans un mouchoir de poche. Du jamais vu.
L’attentat survenu jeudi soir sur les Champs-Elysées tuant un policier a bouleversé les dernières heures de la campagne présidentielle replaçant le terrorisme au cœur des débats. Les onze candidats ont dû reprendre la main en rappelant leurs propositions pour lutter contre le terrorisme. Jeudi soir alors qu’ils défendaient leur programme sur France 2 devant des millions de téléspectateurs, des policiers étaient pris pour cible par un homme armé d’une arme de guerre. Un policier a été tué, deux autres blessés et une touriste touchée par des impacts de balles.
Dans la nuit, le président de la République a pris la parole confirmant la thèse d’un attentat, rappelant des scènes connues des Français depuis les attentats de janvier 2015. Vendredi matin, François Hollande a convoqué un conseil de défense avec ses ministres régaliens tandis que Bernard Cazeneuve est sorti de sa réserve en attaquant M. Fillon et Mme Le Pen. Bernard Cazeneuve a accusé les candidats Marine Le Pen (FN) et François Fillon (LR) d'avoir choisi "l'outrance et la division" lors d'une allocution prononcée à la mi-journée sur le perron de Matignon. Le Premier ministre est sorti de sa réserve à quelques heures de la fin de la campagne présidentielle officielle et vivement attaqué la candidate d'extrême droite et le candidat de la droite qui ont critiqué l'action du gouvernement en matière de lutte anti-terroriste. Marine Le Pen "cherche comme après chaque drame à en profiter pour instrumentaliser et diviser, elle cherche à exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes".
- Les candidats mettent leurs propositions au coeur du débat -
Cazeneuve accuse Le Pen et Fillon d'avoir fait "le choix de l'outrance et de la division"
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Attentat des Champs-Elysées: Fillon promet la "tolérance zéro" et durcit le ton
Marine Le Pen redoute de nouveaux attentats avant le 1er tour de la présidentielle
Quant à François Fillon, il "préconise la création de 10.000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui lorsqu'il était Premier ministre en avait supprimé 13.000 dans les forces de sécurité intérieure ?", dénonce le Premier ministre lors d'une déclaration sur le perron de Matignon.
Les principaux candidats ont bouleversé leurs agendas pour la dernière journée de campagne en annulant déplacements et meetings. Marine Le Pen, qui a pris la parole à 10H depuis son QG de campagne a condamné un "président défaillant" et un gouvernement "usé par l'inaction". Et un "laxisme pénal incroyable". Ella a rappelé ses mesures: contrôle renforcé des frontières nationales, expulser les fichés S étrangers, poursuivre et déchoir de leur nationalité les fichés S qui sont binationaux, et les fichés S français il faut les poursuivre sur la base de l'article 411-4, c'est-à-dire de l'intelligence avec l'ennemi. Il faut renforcer les moyens policiers, moyens moraux et matériels".
- Sécurité renforcée dimanche -
François Fillon s’est exprimé peu après lors d’une conférence de presse aux allures présidentielle. Il a invité à ne pas faire d'"angélisme" indiquant que l'état d'urgence sera maintenu et "pour longtemps". "Nous sommes confrontés à un totalitarisme islamique. (...) Il faut nous réarmer sur les plans militaire, idéologique, et culturel. (...) Nous devons opposer un mur intellectuel et moral", a-t-il ajouté. Le candidat LR a poursuivi son propos, affirmant qu'il renforcerait le contrôle aux frontières, et renégocierait les traités de Schengen. "La justice doit être implacable vis-à-vis des individus dangereux" a-t-il assuré.
Attentats des Champs-Elysées: Poutou veut "désarmer" les policiers
Emmanuel Macron en tête des intentions de vote, à deux jours du 1er tour
Emmanuel Macron, qui a lui annulé deux meetings, s’est montré le plus mesuré en fustigeant les propositions de ses rivaux Marine Le Pen et François Fillon. Le candidat d’En Marche s’est dit "prêt" à protéger les Français en réorganisant le renseignement et en recrutant 10 000 policiers. A gauche, Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon n’ont pas replacé le curseur sur les sujets sécuritaires et ont dénoncé la "surenchère" de leurs concurrents notamment visant Mme Le Pen et M. Fillon.
Cette attaque terroriste intervient quelques jours après l’arrestation de deux hommes suspectés de projeter des attentats visant directement l’élection présidentielle. Arrêtés à Marseille, les deux individus de nationalité française voulaient visiblement viser soit un événement de la campagne soit directement le 1er tour de la présidentielle dimanche. La sécurité des dernières heures du marathon présidentiel avait été considérablement renforcé et celle du vote également. Selon le ministre de l’Intérieur, 50 000 policiers et gendarmes sans compter les militaires du dispositif Sentinelles seront mobilisés.
- Un match à quatre -
Le président américain Donald Trump, a assuré dans un tweet, que l'attentat de Paris "aura un gros effet sur l'élection présidentielle" française.
Alors que les sondages d’intentions de vote promettent un match à quatre ultra-serré entre Emmanuel Macron (23-24%), Marine Le Pen (22-23%), François Fillon (19-20%) et Jean-Luc Mélenchon (19-20%), les sondages publiés jeudi et vendredi confirment cette tendance même si le leader d’En marche se détache quelque peu. Un seul sondage réalisé par Odoxa après l’attentat du 20 avril publié vendredi montre que l’événement a un effet mesuré sur les intentions de vote: Emmanuel Macron reste en tête devant Marine Le Pen mais est la seule à progresser d’un point dans le carré de tête.
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