Double meurtre de Montigny-lès-Metz: Patrick Dils, innocenté, revit un nouveau procès
Le procès de Francis Heaulme pour le meurtre de deux garçons commis en 1986 près de Metz a tourné mercredi au procès de Patrick Dils, pourtant acquitté depuis 15 ans dans cette affaire. Les avocats du routard du crime ont tenté de salir le témoin qui a été, provisoirement, sur le banc des accusés.
Le procès de Francis Heaulme pour le meurtre de deux garçons commis en 1986 près de Metz a tourné mercredi au procès de Patrick Dils, pourtant acquitté depuis 15 ans dans cette affaire. Les avocats du routard du crime ont tenté de salir le témoin qui a été, provisoirement, sur le banc des accusés.
Les avocats du «routard du crime» se sont focalisés, mercredi, sur Patrick Dils, entendu par visioconférence et pourtant innocenté du double meurtre de Montigny-lès-Metz. Alors que le procès du tueur en série s’est ouvert mardi et doit s’étaler jusqu’au 18 mai, pendant trois semaines, c’est celui en creux de Patrick Dils qui s’est joué mercredi après-midi devant la Cour d’assises de la Moselle. «Que voulez-vous? Vous refaites mon procès?», a demandé Dils à Me Dominique Rondu, avocat de la grand-mère de l'un des deux enfants.
L'avocat, d'une voix posée, grave, venait de relire les aveux de Patrick Dils, interpellé en avril 1987, qui avait reconnu avoir tué Alexandre Beckrich et Cyril Beining, avant de se rétracter. Après 15 années de réclusion, Patrick Dils a été définitivement acquitté en 2002 par la cour d'assises du Rhône. Des aveux «circonstanciés, détaillés», mais qui lui ont été soufflés par les inspecteurs qui l'ont interrogé pendant des heures en garde à vue, a toujours assuré M. Dils.
«J'ai le plus profond respect pour les familles des victimes. Moi aussi je veux savoir pourquoi on a enlevé la vie à ces enfants qui, comme moi, ne demandaient qu'à grandir et à être heureux» a affirmé, depuis Bordeaux, Patrick Dils en visioconférence.
- 'Montigny, c'est pas moi", "je suis pas monté sur le talus" assure Heaulme -
«J'ai de la haine aujourd'hui envers les avocats de Francis Heaulme», a déclaré Mme Dils sur RTL après cette journée. «J'ai eu l'impression qu'on le rejugeait», assurant que son mari «est un homme qui a assez souffert, et aujourd'hui j'ai l'impression qu'on lui redonne un coup de couteau dans le dos, qu'on remue le couteau dans la plaie».
«En 2014, (...) vous avez dit 'oh là là, je risque gros+' et indiqué que vous étiez monté sur le talus, que vous aviez vu les deux enfants allongés sur le ballast, morts, et que vous vous étiez penché sur l'un d'eux», a rappelé le président. «Oui j'ai dit ça» a confirmé M. Heaulme. «Vous en restez à cette version ?» redemande le président de la Cour d'assises. "J'ai dit ça mais c'est pas vrai. Je suis pas monté (sur) le talus" a dit le «routard du crime» alors qu'il avait dit le contraire il y a trois ans.
«Donc en 2014 vous avez dit quelque chose de faux ?». «C'est pas vrai» a répondu l'accusé. «J'ai commis des meurtres, je le reconnais, mais Montigny, ce n'est pas moi" a-t-il dit mardi au premier jour de son procès pour le meurtre de deux enfants en Moselle en 1986, Francis Heaulme, qui a toujours nié, a de nouveau clamé son innocence. Le tueur en série qui semble avoir mal vieilli dans le box des accusés n'a montré aucun signe d'émotion pour les victimes et leurs familles ce mardi à l'ouverture de son 5e procès dans cette affaire hors-norme.
- Un procès hors-norme -
Le tueur en série Francis Heaulme est jugé du 25 avril au 18 mai pour le meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986. Au printemps 2014, le premier procès de M. Heaulme, déjà condamné deux fois à perpétuité pour neuf meurtres, avait été suspendu après des témoignages de dernière minute susceptibles de mettre en cause un autre homme. Le procès s'est ouvert à 10H20 dans une salle comble en présence de l'accusé, arrivé sous bonne escorte. Heaulme est monté directement en ascenseur et a pris place dans le box en verre. Veste bleue, cheveux blancs, vouté, l'homme a vieilli.
Francis Heaulme est donc jugé seul, pendant trois semaines, par la cour d'assises de la Moselle, pour cette affaire qui connaîtra peut-être son épilogue judiciaire plus de 30 ans après les faits. Quelques semaines après les meurtres d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, un adolescent de 16 ans, Patrick Dils, avait avoué, avant de se rétracter. Premier mineur condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il fut, en 2001, l'un des rares condamnés en France à bénéficier d'une procédure de révision, qui aboutit à son acquittement.
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