VIDEOS. En Lorraine, l’arrivée de migrants dans des villages divise la population
Plusieurs villages de Lorraine sont divisés sur l’accueil de migrants en provenance de Calais. Pour faire face à l’urgence humanitaire et sécuritaire de la «jungle», le ministre de l’Intérieur a décidé de répartir 1 à 1 500 réfugiés dans des villages. L’idée passe mal dans la région.
Le sujet, à moins d’un mois des régionales, est explosif. L’arrivée de quelques dizaines de migrants dans plusieurs villages de Moselle, Meurthe-et-Moselle et Vosges divise les habitants. Dans ces petites communes éloignées des villes où une voiture est indispensable, où la population ne dépasse pas les 1 000 habitants et où le vote FN explose, l’arrivée de migrants provoque colère, incompréhension et tensions. Les villages d’Arry (Moselle), Coussey, Cornemont, Etival-Clairefontaine (Vosges), Tantonville et Pexonne (Meurthe-et-Moselle) sont sous tension depuis quelques jours.
Toutefois, le seul village à avoir accueilli réellement des migrants est Arry, au sud de Metz en Moselle. Fin octobre, une cinquantaine de migrants sont arrivés dans cette commune de 540 habitants, hébergés dans un centre de vacances privés contre l’avis du maire et d’une partie de la population. Une poignée de militants identitaires d’extrême droite avait même manifesté sur le toit du centre. Depuis leur arrivée, aucun incident n’est à déplorer dans cette commune rurale où une partie de la population apporte son aide. «Ce ne sont pas des délinquants, ce sont des personnes qui ont fui leur pays en guerre» avait dit le préfet de Moselle, soulignant qu'il était "à l'honneur de la République» de montrer que "le pays des droits de l'Homme» était capable de faire preuve de solidarité.
Seul un village de Lorraine a accueilli 50 migrants
Les autres villages n’ont pas encore vu débarquer de migrants. A Etival-Clairefontaine dans les Vosges, le Conseil municipal a voté une motion refusant l’accueil de migrants et une partie des élus a menacé de démissionner. Face à la fronde, le préfet des Vosges s’est finalement tourné vers la commune de Coussey qui a dit oui aux migrants. Une main tendue qui a provoqué la colère d’élus démissionnaires et d’une partie des habitants. Finalement, les migrants ne sont jamais venus pour un problème administratif bloquant leur bus à Calais.
Même scénarios à Pexonne, Cornemont ou Tantonville. La députée européenne Nadine Morano (Les Républicains) a dénoncé un «scandale national» de voir débarquer ces migrants dans les villages de son département, la Meurthe-et-Moselle. Elle s’est invitée mardi soir à un conseil municipal sous haute tension à Tantonville qui doit accueillir 37 migrants dans un château privé. «C'est une inquiétude d'un maire qui doit gérer de potentiels heurts entre des gens», affirmait le maire Divers droite (DVD) d’Etival, 2 600 habitants Du côté de son collègue de Meurthe-et-Moselle, il affirme que c’est «la sous-préfète m'a appelé pour me dire que 50 migrants allaient arriver sur la commune. J'avais l'impression qu'on me les imposait», le maire Dominique Foinant. «C'est à l'État d'assumer ses responsabilités et non pas au maire de Pexonne. Qu'on me prouve qu'on saura maîtriser la situation, j'ai beaucoup de doutes».
Le Front national profite à fond du sujet
En pleine campagne des régionales, le FN profite à plein du débat. Dans les médias et sur le terrain, Florian Philippot (candidat en Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne) multiplient les interventions sur le sujet. Le candidat s’est rendu de lui-même dans le village d’Arry en Moselle fin octobre où il a été tantôt félicité et tantôt fraîchement reçu par des habitants l’accusant de faire de la récupération. Dans les Vosges, les équipes du FN ont distribué des tracts dans le secteur de Coussey «traumatisé» et «sous tension» après cet épisode. Florian Philippot promet même s’il est élu en décembre prochain de supprimer la subvention de 200 000 euros accordée par le Conseil régional de Lorraine qui accueillent des réfugiés. Le parti Debout la France surfe aussi sur le sujet, dénonçant la «folie» du gouvernement de répartir des réfugiés dans les villages. Du côté du PS et des Républicains, les candidats dans l’Est préfèrent ne pas en parler, assurant que le sujet de l’immigration «n’a rien à voir avec les compétences des régions».
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