DOCUMENTS. Législatives à Metz: le candidat En Marche! laisse une ardoise de 168 000 euros

Ludovic Mendès, candidat la République en Marche dans la 2e circonscription de Moselle, a fermé son entreprise avant de la revendre, en laissant une ardoise de 168 000 euros. Une information qu’il n’a pas fait savoir pendant la campagne. LORACTU s’est procuré un jugement sans appel du tribunal de Metz.
Le candidat de La République en Marche dans la 2ème circonscription de Moselle (Metz-II) est au cœur d’un scandale lié à son activité passée de chef d’entreprise. LORACTU qui s’est procuré le jugement du tribunal de grande Instance de Metz prononcé en 2016 et que nous publions ce mercredi pointe les négligences de gestion de Ludovic Mendes qui avait lancé sa société de nettoyage industriel.
D’après ce document, M. Mendes a laissé derrière lui une ardoise de 168 000 euros en cotisations sociales et fiscales qu’il devait payer à l’Etat, essentiellement à l’URSSAF. Une tâche pour un potentiel député alors que le gouvernement défend actuellement une loi visant à moraliser la vie politique. «Mon avocat et un nouvel expert-comptable s'emploient à régulariser la situation. Je ne me suis pas barré avec la caisse (sic), je n'ai pas laissé mes salariés sur le carreau et ce n'est pas moi, mais la société, qui doit de l'argent (…)» s’est-il défendu auprès du Point.fr.
- "C'est la société qui doit de l'argent" -
Le mandataire judiciaire avait conclu, selon les documents que nous publions, que la vente du fond de commerce «empêche tout remboursement du passif» qui s’élève exactement à 168 020,29€. «Manifestement, le dirigeant se désintéresse totalement de la gestion de la société depuis la cession du fond de commerce. Rappelons que la procédure a été ouverte sur assignation et que le passif résulte exclusivement de créances publiques» écrit le tribunal de Grande Instance de Metz, qui a pouvoirs d’un tribunal de commerce en Moselle (à cause des dispositions du droit local d’Alsace-Moselle, NDLR).
«Le chiffre de 168 000 euros de passif avancé dans le jugement est une taxation d'office qui ne correspond en aucun cas aux sommes dont la société est redevable» a également expliqué M. Mendens qui poursuit sa campagne à quatre jours du premier tour des législatives.
- Pas de mention de cette entreprise dans sa campagne -
(Capture d'écran du profil LINKEDIN de Ludovic Mendes qui fait mention de sa fonction de dirigeant).
Dans sa propagande électorale, le candidat du parti d’Emmanuel Macron n’a pas rappelé ses activités de chef d’entreprise (qui est toutefois précisée sur son profil Linkedin, NDLR). Militant associatif, rappelle-t-il sur ses tracts et militant au PS pendant une dizaine d’années, Ludovic Mendes qui est marcheur de la première heure a été investit par La République en Marche dans la 2e circonscription de Moselle où il effectue sa première campagne sur son nom propre. Le jeune homme est aussi coordinateur des jeunes du parti pour la région Grand-Est et a arpenté la plupart des meetings de campagne d’Emmanuel Macron comme «helpeur» (bénévole) pour leur organisation durant la présidentielle.
Selon le candidat, la commission d’investiture de La République en Marche est informée des problèmes de son ex-société. Celui qui est désormais responsable des ventes dans une entreprise, assure que «(…) oui. De toute façon, tout est sur Internet et ils ont fait des enquêtes. Mais on ne m'a pas posé la question» selon des propos rapportés par Le Point ce mercredi.
Le candidat affronte dans cette circonscription entre autre: Jean-François (LR-UDI), Nathalie Colin-Oesterlé (non investie par l’UDI, Divers droite), Jean-Michel Toulouze (PS), Claudine Poirson (France Insoumise) et Marie-Claude Voinçon (Front national). Des candidats qui ne manqueront pas – dans les jours qui restent avant le premier tour et très certainement entre les deux tours – d’utiliser ces nouvelles informations pour attaquer le candidat d’En Marche…
DOCUMENT LORACTU. Le jugement du tribunal de Metz
Droit de réponse de Ludovic Mendes, candidat La République en Marche
Vous laissez sous-entendre que j’ai laissé une ardoise de 168000 €, chose erronée.
Il convient toutefois de savoir qu’en application de l’article L 622-24 du code de commerce, les créanciers sociaux et fiscaux peuvent déclarer leurs créances sur la base d’une évaluation : elles sont admises à titre provisionnel et liquidées par la suite. Les montants déclarés correspondent alors au maximum des sommes qui pourraient être dues en principal, majorations, pénalités... cette situation est provisoire et la créance est ensuite admise à titre définitif lorsqu’elle n’est pas/plus contestée. Dans son rapport le mandataire désigné par la Chambre commerciale du Tribunal de Grande instance de METZ, a relevé au titre du passif un montant échu définitif de 29 241,29 €, dont 10 000 € au titre des caisses sociales, et un montant provisionnel de 138 779 €.
En l’état le passif est donc provisoire et les créances provisionnelles devront être réexaminées.
Dans ce contexte, l’URSSAF a émis des contraintes à l’égard de la société ENIDD dont le recouvrement a été confié à huissiers de justice à Metz. Les sommes en causes s’agissant des contraintes ont été intégralement payées entre les mains de l’huissier de justice. Certains titres sont en revanche demeurés en partie dus par la société ce qui a entraîné une demande d’ouverture de procédure de redressement judiciaire, comme cela est classiquement le cas en telle hypothèse.
En outre, il y a toujours des possibilités de récupérer de l’actif par des procédures contre des tiers de l’entreprise, sauf que le mandataire en l’état n’en a pas l’obligation légale.
Donc aujourd’hui le passif de l’entreprise qui est utilisé n’est pas le passif définitif et nous faisons tout pour régulariser cette situation au plus vite. Vous comprendrez, que lorsque vous avez des impayés, que votre partenaire bancaire prend des décisions ne respectant pas le code bancaire et que votre expert-comptable abandonne sa mission en cours de route sans respecter sa lettre de mission, que vous êtes bien seul pour pouvoir rebondir et remettre votre entreprise sur de bons rails.
De plus, je me permets une remarque constructive. En France on récence en 2016 près de 60 000 défaillances d’entreprises. L’échec entrepreneurial ne doit pas être une fin en soi, nous devons laisser un droit à l’erreur et permette à chaque entrepreneur de pouvoir rebondir.
Cette expérience me permet aussi de pouvoir défendre le manque d’accompagnement des TPE/PME, ainsi que de démontrer que les procédures juridiques sont bien trop complexes, longues et ne favorisent en rien les entrepreneurs, même depuis la simplification des procédures.Beaucoup d’entrepreneur ont tout perdu, leur logement, leur famille, leur dignité, leur droit à une vie normale. On recense environ 2 suicides par jour chez les "petits patrons". Le suicide et la perte de vie sociale, chez les entrepreneurs dont l’entreprise est en difficulté voire en perdition, est une réalité, mais reste un sujet tabou.
Les entrepreneurs sont bien trop souvent seuls face aux difficultés. Il existe très peu de structures d’accompagnement juridique permettant un appui et une réponse à des textes trop souvent incompréhensibles.
N’avoir pendant 8 mois même pas 1 € pour vivre, c’est une chose que je ne souhaite à personne, mais malheureusement, cela a été mon cas, et c’est le cas de beaucoup de créateur d’entreprise qui ont vécu une défaillance et une procédure de cessation d’activité. C'est aussi un combat que nous devons mener au sein de l'assemblée nationale, le droit à l’échec et la possibilité de se reconstruire. Me reprocher aujourd'hui d'avoir pris un risque dans ma carrière en essayant d'entreprendre, de créer de l'emploi et malheureusement d'avoir échoué n'est pas une fin en soi.
Il faut savoir qu’un entrepreneur qui échoue, le temps de la liquidation n’a le droit à rien, ni allocation de retour à l’emploi, ni RSA.
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