Pari incertain pour Florian Philippot à Forbach en Moselle, jugé absent du terrain
Le vice-président du Front national est en campagne pour remporter la 6ème circonscription de Moselle, celle de Forbach. Mais la stratégie du "candidat vu sur BFMTV" est à quitte ou double. Le pari de Florian Philippot est très incertain alors qu'il n'a pas le droit à la défaite s'il veut s'imposer au sein du FN après la défaite cinglante de Marine Le Pen.
Cinq ans après son arrivée dans la sixième circonscription de la Moselle, Florian Philippot, vice-président du Front national, repart en quête d’un ancrage local après avoir échoué aux législatives de 2012 et aux municipales de 2014 à Forbach. Député européen et conseiller régional du Grand Est, l'énarque de 36 ans, bras droit de Marine Le Pen a, comme elle, jeté son dévolu sur un ancien bassin houiller où les difficultés économiques le disputent au sentiment d'abandon. Mais si la présidente du parti d'extrême droite était en tête, avec 58,17% des voix, au deuxième tour de l’élection présidentielle, dans la circonscription du Pas-de-Calais où elle se présente, elle n’était que seconde dans celle de Forbach.
"Mes chances sont quand même assez importantes", juge Florian Philippot qui parle plutôt de la pole position de Marine Le Pen au premier tour, devant Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Le candidat frontiste, qui reconnaît fuir les journalistes cette année pour gagner en proximité avec l'électeur, sait néanmoins qu'avec 17 candidats au départ, il ne pourra compter sur une triangulaire pour s’imposer au deuxième tour. Seuls les candidats ayant obtenu un nombre de voix égal à 12,5% des inscrits peuvent en effet se maintenir. La décision du député-maire socialiste de Forbach, Laurent Kalinowski, de ne pas se représenter, rebat les cartes, même si son assistant parlementaire et suppléant, Jean-Christophe Kinnel, 38 ans, revendique la succession. "Mais ce serait mentir de dire que l’étiquette PS est un avantage cette fois-ci", reconnaît ce soutien de Benoît Hamon. Surfant sur le score réalisé par Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis, représentés par Jonathan Outomuro, un enseignant de 39 ans, espèrent en profiter pour réaliser une percée dans un bassin où la gauche de la gauche est historiquement faible. Etre un soutien de la majorité présidentielle est également un atout tellement prisé que deux candidats se le disputent.
Fondateur et animateur du comité En marche de Forbach, Christophe Arend, chirurgien–dentiste de 41 ans et fils de mineur, a pour lui l'investiture officielle et le profil du citoyen investi dans les réseaux associatifs. Il est, depuis trois ans, conseiller municipal sans étiquette de Petite-Rosselle, commune minière de 6.500 habitants. La candidature "Pour le succès de la majorité présidentielle" de Laurent Kleinhentz, ex-socialiste, conseiller général et maire depuis 1989 de Farébersviller, autre commune minière, est un caillou dans sa chaussure. Cet ancien instituteur de 69 ans dit avoir renoncé à l’investiture La République en Marche que lui proposaient les instances nationales avant de décider de partir seul. "J'ai face à moi une kyrielle de candidats dont trois candidats 'Macron'", se gausse Florian Philippot, incluant dans le lot celui de l’UDI et des Républicains, Pierre Lang, maire de Freyming-Merlebach qui tente, à 69 ans, de retrouver le siège de député perdu en 2012 après trois mandats.
- Trois candidats Macron -
Le vice-président du FN, Florian Philippot et Marine Le Pen lors d'une conférence de presse à Metz (Moselle) en 2015. (PHOTO: ARCHIVES/ ARNAUD SCHERER/ LORACTU)
Tous les adversaires de Philippot brocardent le "candidat TGV" et la "madone de BFM TV", le Parisien accusé de préférer les plateaux de télévision aux cités minières même s'il s'en défend et souligne qu'il dispose d’un pied à terre à Forbach. D’aucuns s'interrogent sur la stratégie du numéro 2 du Front national qui a démissionné du conseil municipal après un an et demi pour siéger au conseil régional où il s’implique peu.
L’ampleur du vote en faveur d’un parti qui prône le protectionnisme, la fin de l’euro et le retour au contrôle des frontières, particulièrement fort dans les cités minières, n’interroge pas moins dans un bassin d’emploi où le redémarrage économique passe de l’avis de tous les candidats par des liens plus étroits avec l’Allemagne. Un pays où l’on peut passer ici par inadvertance, en traversant une rue. Le taux de chômage dans la zone d’emploi avoisine les 13%.
"Il y a une vraie désespérance, mais ce n’est pas un discours d’adhésion (au Front national). On était une société très encadrée, très policée, quasi-militaire et tout s’est effondré", estime François Dosso, ancien responsable de la CFDT mineurs au sein des Houillères des bassins de Lorraines (HBL) dont le dernier puits a fermé en 2004. Des entreprises ont néanmoins recommencé à s’installer, comme dans l’Eurozone de Forbach qui abrite une pépinière transfrontalière ou au sein de l’ancienne tour de bureaux des HBL, à Freyming Merlebach, rachetée et réhabilitée par un investisseur privé, où une vingtaine de sociétés ont créé ou relocalisé 600 emplois en dix ans.
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