Pour Juppé, En Marche! est "un site de recyclage des naufragés du hollandisme"
Le maire de Bordeaux, en campagne vendredi à Nancy (Meurthe-et-Moselle) pour les législatives, a attaqué Emmanuel Macron tout en reconnaissant des points d'accord avec le nouveau président de la République. L'ancien candidat à la présidentielle assure que le parti du nouveau président est un "site de recyclage" des "naufragés du hollandisme" et donc du PS.
M. Juppé a semblé acter la défaite de LR-UDI aux législatives vendredi lors d'une conférence de presse à Nancy en répétant que les députés issus de cette formation seront "dans l’opposition". Au lendemain du second tour de la présidentielle, François Baroin avait assuré qu’il imposerait une cohabitation à M. Macron en remportant la majorité absolue. Un discours qui a changé à droite où on est désormais prêt à "partager les responsabilités" et à constituer une "opposition constructive". Face à la réalité du terrain et à la dynamique des sondages favorables à LRM, de nombreux ténors de la droite intériorisent déjà la défaite.
"Nous avons des points communs, des convergences" avec le gouvernement et Emmanuel Macron plaide Alain Juppé. "Mais nous avons aussi des divergences" poursuit-il citant le programme fiscal et pointant la "hausse de la CSG qui pénalisera les classes moyennes et les retraités" ou encore la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers fiscaux.
Alors que sur le terrain «l’affaire Ferrand» est en train «de faire des dégâts et de rejaillir sur tout le monde» selon Mostafa Fourar (candidat dans la 1ère circonscription de Meurthe-et-Moselle, NDLR), M. Juppé constate que lorsqu’on "veut donner des leçons de moral à tout le monde, il faut être sûr de son coup…" ironiste-t-il devant les journalistes locaux évoquant "l’arroseur arrosé". Saluant des "propositions qui vont dans le bon sens" à propos du projet de loi sur la moralisation de la vie politique de François Bayrou, l’ancien locataire de Matignon ne goûte pas à cette doctrine qui "fou à poil" les élus. "Rajoutons des règles… mais faisons les d’abord respecter" plaide Alain Juppé.
- "La presse est en adoration" devant Emmanuel Macron -
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"Nos électeurs se cherchent un peu" a reconnu aussi M. Juppé. Face au "besoin de renouvellement" qui l’a en partie fait chuter à la primaire, Alain Juppé affirme qu’il n’y a pas que les candidats En Marche! qui y répondent assurant que le "parti du président" a "parachuté beaucoup de candidats sans expérience". Co-fondateur de l’ex-UMP, le maire de Bordeaux refuse que l’Assemblée soit "constituée d’un parti unique qui n’a pas de traditions, qui n’a pas de doctrine à part le renouvellement". Pour lui le parti de Macron "est un site de recyclage des naufragés du hollandisme" tacle-t-il.
Jugeant que "la presse est en adoration" devant Emmanuel Macron pour ses premiers pas, Juppé considère que le "calendrier a servi" le chef de l’Etat. "Objectivement, les premiers pas sur la scène internationale sont à la hauteur (…) la voix de la France est entendue".
Alors qu’un journaliste local lui demandait s’il n’est pas plus proche d’Emmanuel Macron que de Laurent Wauquiez (LR), M. Juppé a esquivé laissant entrevoir la guerre de tranchés qui se prépare à droite après les législatives. "Je vous laisse juger par rapport à nos déclarations respectives" lâche, laconique, le maire de Bordeaux. "J’ai ma ligne, je n’en change pas, vous la connaissez" lâche-t-il. "Quand j’ai appelé à voter Macron au second tour de la présidentielle, j’ai dit que cela ne valait pas adhésion à son projet. Ensuite, il y a eu la constitution du gouvernement. J’ai des amis qui y sont… je ne veux ni les stigmatiser, ni les exclure" assure l’ancien Premier ministre en évoquant la nomination de l’un de ses proches, Edouard Philippe, à Matignon.
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