Législatives: un front anti-FN se met difficilement en place
Le parti qui pourrait gagner une dizaine à une quinzaine de sièges de députés aux législatives mobilise de nouveau contre lui. Le chef de file des Républicains de la campagne prône le retrait des candidats LR en cas de risque FN. Même son de cloche chez La République en Marche.
A dix jours du premier tour des législatives qui promettent une dizaine à une quinzaine de sièges de députés au Front national, une stratégie anti-FN se dessine chez ses opposants. A droite, le chef de file des Républicains prône la fin du ni-ni pour les seconds tours où le FN est en capacité de remporter des circonscriptions.
"Notre combat a toujours été contre les extrêmes et les gaullistes sont les adversaires historiques du Front national et de l'extrême droite", avait déclaré François Baroin à des journalistes, en marge d'un déplacement à la Baule (Loire-Atlantique) la semaine dernière. "Donc cette question est tranchée depuis très longtemps et, naturellement, tout sera mis en œuvre au niveau national pour éviter ce genre de choses", a poursuivi le sénateur LR. "Je souhaite d'ailleurs que la réciproque soit vraie du côté d'En marche ! comme du Parti socialiste. Les désistements devront faire partie de l'entre-deux-tours des législatives". Avec de telles déclarations faites bien avant le premier tour, M. Baroin a bousculé les lignes de son parti qui n’a pas adopté officiellement cette position.
Depuis plusieurs années, l’ex-UMP devenue LR refusait de retirer ses candidats face au FN en prônant le ni front républicain, ni retrait. Selon François Baroin, si LR et ses alliés remportent le scrutin des 11 et 18 juin, il n'y aura pas de cohabitation mais, a-t-il dit au Parisien, un "partage de responsabilités" qui "n'aura rien de conflictuel". La position du chef de file des Républicains qui mène une campagne de terrain difficile – les sondages promettent une défaite à la droite et au centre face à En Marche – n’a pas été reçue favorablement par tous les ténors du parti. «Ce sujet n’a aucun sens aujourd’hui ! Il est prématuré d’évoquer cette question, qui ne devra être posée qu’au soir du premier tour… si la question se pose. S’il n’y a pas de triangulaires, on aura l’air malin !»,fustige Jean-François Copé qui estime que «parler de ce sujet dès aujourd’hui ne peut qu’affaiblir nos candidats en campagne». Laurent Wauquiez qui vise la présidence de LR ne partage pas non plus l’opinion de M. Baroin même s’ils se sont affichés ensemble pendant la campagne.
Le maire de Troyes répondait favorablement à une demande du juppéiste Gilles Boyer, candidat dans les Hauts-de-Seine. Autrement dit, M. Baroin souhaite qu’en cas de victoire possible du FN au second tour, dans une triangulaire, un candidat de LRM, du PS ou de LR arrivé en troisième position se retire pour favoriser un candidat issu de ces trois formations dans un duel avec l’extrême droite.
- La position de Baroin divise au sein des Républicains -
Bernard Accoyer a tenté de déminer ce sujet potentiellement explosif. Lors d’une réunion d’un comité de campagne, le secrétaire général de LR a indiqué que la question de la conduite à tenir dans les circonscriptions où le FN est en mesure de l’emporter ne serait tranchée qu’« au cas par cas », au lendemain du premier tour.
"En abandonnant ainsi le 'ni-ni' pour une stratégie visant à faire élire le maximum de députés du parti En Marche, M. Baroin apporte une énième confirmation de ce que nous répétons depuis des semaines : LR n'est pas un parti d'opposition à M. Macron, c'est un strapontin à la majorité présidentielle", s’est agacée Marine Le Pen qui a sauté sur l’occasion pour fustiger le concept d’UMPS qu’elle avait théorisé.
Marine Le Pen (FN) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) seront concurrents au premier tour des législatives mettant fin à l'accord de second tour de la présidentielle.
Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a affirmé que les candidats LRM se désisteraient entre les deux tours « partout où le risque du FN est présent ». « Pour tardif qu’il soit, le retour de François Baroin et des LR au désistement républicain face au FN est à saluer », a renchéri le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
De son côté, la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon a lancé jeudi une campagne d'affichage et de décryptage intitulée #ZérodéputéFN dans le cadre des élections législatives des 11 et 18 juin. Les affiches décrivent les principaux défauts des candidats du Front national. "L'objectif de cette campagne est de convaincre les électeurs de ne pas se retrouver de nouveau privés de leur choix au deuxième tour des élections en étant contraints à un vote 'utile' contre l'extrême droite", a expliqué LFI. Cette campagne se compose notamment d'affiches figurant des candidats emblématiques du Front national décrits en trois principaux défauts. Ces affiches appellent à "choisir plutôt un député insoumis" dans les circonscriptions correspondantes.
- Le FN revoit ses ambitions à la baisse -
Le FN est face à une situation compliquée. Sans proportionnelle et malgré un accès au second tour de la présidentielle, le parti de Marine Le Pen est aussi en proie à des divisions internes qui s’étalent désormais sur la place publique. En termes d’intentions de vote, le FN est globalement crédité de 18 à 19% des intentions de vote, en troisième position derrière LR-UDI (19 à 22%) et La République en Marche (26 à 32%). En projection de sièges, un sondage Ipsos-Steria pour Le Monde publié ce vendredi, le FN pourrait obtenir 5 à 15 députés. Après la présidentielle, Marine Le Pen et son entourage misait sur au moins 40 députés mais les ambitions sont revues à la baisse. Le "plus possible répond" la présidente du parti qui se présente dans le Nord. Selon plusieurs élus frontistes, une victoire "serait de décrocher un groupe parlementaire" qui nécessite 15 députés pour se constituer.
En Lorraine, le comportement des candidats et partis au second tour au FN sera particulièrement intéressant. Le FN est arrivé en tête au second tour de la présidentielle dans deux circonscriptions avec plus de 50% des voix : celle de Boulay-Saint-Avold et celle de Sarrebourg. Dans plusieurs d’entre-elle il a dépassé les 45% et apparaît en position confortable : celles de Bar-le-Duc, Verdun, Lunéville, Toul, Pont-à-Mousson, Sarreguemines, Forbach, Saint-dié-des-Vosges et Neufchâteau.
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