Législatives dans les Vosges: LR et le PS contraints de revoir leur logiciel face au FN
Dans le département des Vosges, qui compte quatre circonscriptions, le Front national a frôlé les 50% au second tour de la présidentielle dans deux d’entre elles. Aux législatives, Les Républicains et le PS sont contraints de revoir leur logiciel s’ils veulent éviter l’élection de députés frontistes.
Avec trois parlementaires LR et un issu du PS, la présidentielle a rebattu les cartes politiques dans le département des Vosges, traditionnellement de droite. La percée de Marine Le Pen dans les territoires abandonnés et ruraux et l’arrivée d’Emmanuel Macron et de son mouvement sur la scène politique viennent bousculer les scénarios dans les quatre circonscriptions. Dans celle de Neufchâteau à l’ouest et celle de Saint-Dié-des-Vosges à l’est, le FN compte bien s’imposer en surfant sur ses scores supérieurs à 45% au second tour de la présidentielle. Loin d’être un plébiscite pour Emmanuel Macron, les scores de la présidentielle ont confirmé la percée de l’extrême droite et a pointé les limites du front républicain.
Dans la circonscription de Neufchâteau où le FN est arrivé largement en tête au premier tour, le choc des générations pourrait bousculer les lignes. Le jeune candidat FN, Jordan Grosse-Cruciani, la trentaine, compte bien défier le sortant Christian Franqueville (PS), âgé de 68 ans et Jean-Jacques Gaultier (Les Républicains), maire de Vittel, et ex-député de la circonscription pendant deux mandats en 2002 et 2012. M. Grosse-Cruciani, élu au conseil régional du Grand-Est et proche du très médiatique vice-président du FN Florian Philippot a ses chances. Du côté d’En Marche, le mouvement a bien investit un candidat, Raynald Magnien-Coeurdacier, maire de Monthureux, mais il butte sur des accusations de fraude aux assurances sociales, travail dissimulé, escroqueries avec faux et usage de faux ou encore harcèlement après la plainte d’un ex-gendarme. Par ailleurs, le député PS sortant se revendique de la majorité présidentielle et une candidate UDI, Jocelyne Allane-Voilquin, veut aussi être la future députée alliée au gouvernement. Un bazar qui pourrait profiter à la droite ou au FN.
A Saint-Dié-des-Vosges, le député LR sortant qui compte garder son siège aura aussi face à lui le risque FN. Le parti de Mme Le Pen a frôlé la majorité au second tour en raflant 48,72% au second tour de la présidentielle. Gérard Cherpion a été député de la deuxième circonscription des Vosges de 1993 à 1997 puis réélu depuis 2002. Député depuis 18 ans, celui qui a empêché Jack Lang (PS) de s’y implanter il y a cinq ans, devra affronter Isabelle Gérard (FN). Issue de la société civile, elle n’a pas encore de mandats politiques et joue à fond la carte du «renouveau» comme celle de La République en Marche. Issue du PS, Christine Urbes veut bousculer le jeu grâce à la vague Macron. Mais cette ex-encartée socialiste pourrait payer son orientation à gauche dans un département où le PS est réduit à néant élection après élection. Le PS a d’ailleurs renoncé à présenter un candidat laissant la voie ouverte à cette ex-socialiste dans un paysage morcelé façon puzzle avec une candidate PCF mais aussi EELV, un candidat Lutte Ouvrière et un autre de la France Insoumise.
- Un département qui penche de plus en plus vers le FN -
Des militants du Front national lors d'un meeting. (PHOTO: Nicolas Z./ LORACTU).
Le jeu sera plus ouvert dans la 1ère circonscription des Vosges à Epinal. L’ancien fief de Philippe Seguin où le maire d’Epinal Michel Heinrich occupe actuellement le siège aiguise les appétits avec pas moins de 15 candidatures. Le député sortant, en fonction depuis 14 ans, a renoncé à l’Assemblée nationale et a préféré sa ville, forcé par la loi du non cumul des mandats qui entre en vigueur en juin. Du coup, tout le monde pense avoir sa chance. Dans une circonscription où le FN a été davantage contenu que dans le reste du département au second tour de la présidentielle (Macron à 58,67% et Le Pen à 41,33%), la droite part favorite avec la candidature de Stpéhane Viry (LR), proche du député-maire d’Epinal. Plus à droite, Stéphane Perry (extrême droite) vient défier le Front national et son candidat officiel Sébastien Humbert. Deux candidatures qui montrent déjà les fractures ouvertes du parti après la défaire de Mme Le Pen. «Le programme ultra-philipotistes de gauche du Front National Vosgien face au SIEL de la vraie droite celle de conviction et des valeurs» prévient M. Perry sur les réseaux sociaux. Une division qui pourrait offrir la circonscription au candidat LR. Le parti La République en Marche mise sur une jeune femme de 35 ans, Alisson Hamelin, double championne de France en compétition automobile et étiquetée société civile. A gauche, on part aussi divisé alors que les candidatures de Mélenchon et Hamon ont péniblement atteint les 20% cumulés au premier tour de la présidentielle. Le PS, ELLV, LO, les Insoumis... présentent tous des candidats.
- Le pari de Macron aiguise les appétits -
Enfin du côté de Remiremont dans la 3e circonscription des Vosges, le renouvellement se fait attendre. Député depuis 24 ans à l’issue de quatre mandats, François Vannson a préféré choisir la présidence du département. Dans l’ex-fief de Christian Poncelet qu’on ne présente plus dans les Vosges, le jeu est là aussi plus ouvert. Le plus étonnant: le parti Les Républicains n’aura pas de candidat après le renoncement de Patrick Lagarde qui profitait de l’investiture. La droite n’a qu’un candidat: Christophe Naeglen (Divers droite), patron des Meubles Spiller à Saint-Maurice-sur-Moselle, fait ses premiers pas en politique. Le FN qui a dépassé les 40% au second tour de la présidentielle compte sur Marina Do Santos, élue régionale tandis que La République en Marche a décidé d’investir Claude Thirard, ex-socialiste dans une circonscription qui voit aussi une candidate PS Stessy Speissmann entrer dans le jeu. Au premier tour, dans la ville de Remiremont, Emmanuel Macron est arrivé devant à 24,08% loin devant Benoit Hamon qui est tombé à 4,91%.
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