INTERVIEW EXCLUSIVE. Marine Le Pen: "les idées que je porte sont majoritaires dans le pays"
La candidate du Front national Marine Le Pen assure dans un entretien exclusif à LORACTU que "les idées" qu'elle porte "sont majoritaires dans le pays" alors qu'elle accuse une baisse dans les sondages. Elle promet de créer "1,7 million d’emplois sur le quinquennat" si elle est élue.
Nous sommes à cinq jours du 1er tour. Depuis des mois, les sondages prévoient votre qualification au second tour de la présidentielle mais votre défaite face tous vos concurrents. En cas de victoire - dans le cas où ces sondages pourraient s'inverser - quelle présidente serez-vous ?
Plus les jours avancent et plus je constate le formidable engouement sur le terrain pour le projet que je porte. J’ai choisi de faire beaucoup de mes meetings dans de petites communes et nous y réunissons à chaque fois des milliers de participants. Nous sommes les seuls à faire cette campagne, quand les autres s’économisent et ne font que quelques meetings dans les grands centre-villes. Et je sais que les idées que je porte sont majoritaires dans le pays. Quoi qu’en disent les sondages pour le second tour, je suis persuadée que les patriotes l’emporteront.
Je serai la présidente de tous les Français. Je ne m’enfermerai pas dans un rôle partisan, comme l’ont fait Nicolas Sarkozy et François Hollande. Je ne serai pas la présidente d’un clan mais bien la présidente de la France et des Français. Je m’attacherai au respect des libertés publiques, qui ont été durement attaquées ces dernières années. Je rendrai la France plus sûre et assurerai la sécurité des Français. Les Français retrouverons la fierté de leur nation. Grâce à mon projet économique, qui fait place au patriotisme économique et qui est dirigé vers les TPE-PME, nous relancerons la croissance économique et nous créerons 1,7 million d’emplois sur le quinquennat. Je serai enfin la présidente qui rendra à la France son indépendance, notamment face à l'UE, et qui fera entrer le peuple à l’Élysée, pour lui redonner le pouvoir qu’il a perdu et qu’il n’exerce plus !
Quelles sont les premières mesures que vous entendez prendre si vous êtes élue présidente de la République ?
J’ai récemment précisé quelles seraient les 10 mesures que je mettrai immédiatement en œuvre après mon élection. Ces mesures auront un impact direct et concret sur la vie des Français. Je rendrai bien sûr à la France son indépendance en engageant directement des négociations avec les institutions européennes conclues par un référendum sur notre appartenance à l'Union européenne, pour nous diriger vers une Europe des coopérations, respectueuses des souverainetés nationales et avec des projets précis avec nos partenaires européens. Ce sera beaucoup plus démocratique et plus efficace que le machin bruxellois actuel qui crée de l'insécurité, de l'immigration et de la pauvreté.
Je rendrai immédiatement la France plus sûre, en suspendant Schengen et en rétablissant les frontières nationales et en expulsant les fichés S étrangers du territoire. L’AME, réservée aux clandestins, sera également supprimée.
Je lancerai une grande réforme institutionnelle pour redonner de l’épaisseur à la démocratie et pour renforcer nos libertés : proportionnelle à toutes les élections, référendum d’initiative populaire, défense de notre patrimoine, priorité nationale, simplification institutionnelle… pour faire des économies, sauver la commune et baisser rapidement les impôts locaux.
Je redresserai enfin rapidement le pouvoir d’achat des Français et j’assurerai plus de justice sociale dans notre pays. Cela passe par une baisse immédiate de 10% des trois premières tranches de l’impôt sur le revenu, le rétablissement de la demi-part fiscale supplémentaire pour les veuves et les veufs (supprimée par François Fillon), la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation et le rétablissement des heures supplémentaires défiscalisées (supprimées par les socialistes). Il y a tant d'économies à faire ailleurs, sur la dépense la plus nocive liée à la fraude, à l'Europe, à l'immigration massive.
J’aiderai aussi nos TPE-PME en réorientant vers elles exclusivement les 50 milliards d’euros de baisse de charges du CICE car ce sont elles qui créent l’emploi dans notre pays. C’est un plan puissant, qui créera immédiatement des milliers d’emplois.
- Macron et Fillon "représentent le mondialisme et l'européisme béat -
Les sondages promettent un duel avec Emmanuel Macron. Mais plusieurs scénarios sont encore possibles jusqu'au 23 avril. Quelles sont vos différences avec M. Macron, M. Fillon et M. Mélenchon ?
Mes différences avec messieurs Macron et Fillon sont bien connues. Ils sont tous les deux porteurs d’un bilan : monsieur Fillon a laissé la dette exploser de 600 milliards d’euros et le chômage augmenter lorsqu’il était au pouvoir. Malgré ses promesses de campagne au pouvoir il a laissé exploser l'immigration et a laissé au placard le karcher... Le bilan d’Emmanuel Macron n’est guère plus glorieux. Il a été le ministre de François Hollande et partage donc son bilan tout aussi catastrophique.
Et les deux représentent ce mondialisme et cet européisme béat qui font tant de mal à notre pays, poussent nos entreprises à la faillite et les Français vers le chômage. Nous avons besoin de raviver les idées de Nation et de protection, et je suis la seule à porter ce message.
Monsieur Mélenchon ne veut pas protéger les Français : il veut renforcer l’immigration massive et régulariser tous les clandestins. Et il entend alourdir les impôts de 100 milliards d’euros pendant son hypothétique quinquennat (il le revendique !), ce qui léserait inévitablement les classes populaires et les classes moyennes. Avec lui ce serait la ZAD et Nuit Debout au pouvoir, non merci.
Vos concurrents n'ont jamais autant pointé la possibilité de votre victoire. De nombreux Français montrent encore des craintes d'une possible victoire du Front national, certains hésitent, d'autres doutent... Que dites-vous à ces électeurs qui redoutent votre victoire ?
Je rencontre surtout des Français qui ont peur de la situation actuelle et que rien ne change demain. Je suis la candidate qui rendra l’Élysée au peuple ! Je veux que toute la politique soit faite en son nom, pour son bien et qu’il puisse contrôler directement nos institutions. C’est pour cela que je souhaite inscrire la proportionnelle dans la Constitution et le référendum d’initiative populaire.
Je suis aussi celle qui apportera de la sérénité et qui apaisera notre pays : en protégeant les libertés individuelles, en réarmant nos forces de l’ordre, en luttant contre le communautarisme qui mine la cohésion nationale et en réaffirmant la laïcité. Mon projet est enfin celui qui redonnera la grandeur à notre pays. Nous sommes un grand pays, un grand peuple, avec moi la France retrouvera une voix singulière dans le monde et nous réengagerons la France sur la voie de la prospérité, pour que le chômage baisse enfin et pour que nous redonnions du travail à chaque Français.
- Avec Mélenchon ça "serait la ZAD et Nuit Debout au pouvoir" -
A chaque élection présidentielle, le concordat d'Alsace-Moselle est discuté dans la campagne. Cette particularité est très appréciée par les habitants des trois départements. Quelle est votre position sur le sujet ? Doit-on le réformer ? Si oui, doit-on ouvrir un débat sur l'intégration de l'islam au sein du concordat d'Alsace-Moselle ?
J’ai déjà dit que je ne toucherai pas au concordat d’Alsace-Moselle : quoi qu’en pense monsieur Mélenchon qui veut le supprimer, le concordat répond à des considérations historiques bien particulières, qui justifient pleinement son maintien en l’état. Je refuse toute évolution, notamment son extension aux religions non-concordataires.
La fusion des régions portée par le gouvernement de Manuel Valls a ouvert des plaies dans le Grand-Est, notamment en Alsace qui a fusionné à "marche forcée" avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Vous avez affirmé vouloir "rendre l'Alsace aux alsaciens" et supprimer l'échelon régional. Comment comptez-vous vous y prendre et qui assurera les compétences des régions ?
Cette fusion des régions n’était pas voulue. Elle a été menée dans la précipitation sous injonction de l’Union européenne et n’a produit aucune économie. Elle a même éloigné le citoyen de l’action publique et provoqué de nombreuses frustrations. Oui, je rendrai l’Alsace aux Alsaciens comme je rendrai la Picardie aux Picards et la Lorraine aux Lorrains !
La grande réforme institutionnelle que je mènerai et que je soumettrai au peuple par référendum apportera de la proximité. Elle sera un gage d’efficacité et d’économies et redonnera de l’épaisseur à la démocratie locale. Je réduirai ainsi à trois le nombre de strates administratives (contre six actuellement). Nous resserrerons l’organisation institutionnelle de la République autour de l’État, des départements et des communes, qui sont des collectivités de proximité.
Certaines compétences des conseils régionaux iront ainsi aux départements, je pense notamment à la gestion des lycées, quand d’autres relèveront de l’État-stratège (transports par exemple). Nous répartirons les compétences en fonction de l’échelon qui permettra la plus grande efficacité de l’action publique.
Il en sera de même pour les compétences des intercommunalités. Cela n’empêchera évidemment pas les communes de se grouper avec leurs voisines pour mener des projets communs. Mais de cette manière, nous éviterons la situation actuelle qui conduit à ce que les intercommunalités tordent le bras des petites communes rurales, au profit des grosses agglomérations. De cette façon, les vraies régions françaises, Alsace par exemple et non Grand Est, seront libérées de ce mastodonte institutionnel sans âme ni efficacité.
- "Je rendrai l’Alsace aux Alsaciens (...) la Lorraine aux Lorrains !" -
Plus de 150 000 travailleurs traversent chaque jour une frontière dans le Grand-Est pour se rendre au Luxembourg, en Allemagne, en Belgique ou en Suisse. Les frontaliers rencontrent de nombreuses difficultés liées aux infrastructures de transports. Concrètement, comment améliorer leur quotidien alors que vous souhaitez rétablir un contrôle "systématique" aux frontières ?
Les frontières sont un filtre, ce ne sont donc pas des murs infranchissables. Et je tiens notamment à préciser que depuis l’introduction de l’euro et la disparition de nos frontières nationales, le nombre de travailleurs transfrontaliers alsaciens vers l’Allemagne n’a cessé de diminuer.
La frontière, c’est aussi ce qui définit notre identité par rapport à nos voisins et ce qui permet de nous protéger : c’est la raison pour laquelle 95% des pays du monde ont des frontières nationales ! Il y a d’ailleurs fort à parier que plusieurs attentats auraient pu être évités si nous avions des frontières nationales, et si nous pouvions savoir qui entre, qui sort et qui se maintient sur le territoire national.
Je rétablirai donc les frontières nationales. Et je mettrai en place des dispositifs spécifiques pour les travailleurs transfrontaliers, afin de faciliter leur passage de la frontière : des pass’ automatiques pourront ainsi leur être fournis. Nous améliorerons également l’offre de transport avec nos voisins pour faciliter une nouvelle fois ce passage de la frontière : mais pour cela nous devons évoluer vers une Europe de la coopération.
Le projet de stockages de déchets nucléaires de Bure (Meuse) fait l'objet de contestations. Le candidat du PS-ELLV Benoit Hamon s'est engagé à y mettre fin tandis que M. Fillon est favorable à sa poursuite. Quelle est votre position sur le sujet ? Globalement, que faire à Fesseheinem (Bas-Rhin) alors que la centrale doit fermer en 2018 ou à Cattenom (Moselle), une centrale qui provoque de vifs débats chez nos voisins allemands, belges et luxembourgeois ?
J’ai toujours été très claire sur ce sujet : Bure a été pensé dans la précipitation, sans consultation de la population. C’est une faute majeure. Je refuse également que tous les déchets nucléaires les plus dangereux de notre pays soient concentrés dans un seul et unique lieu, qui deviendrait alors une poubelle nucléaire. C’est irresponsable et chaque région doit prendre sa part. Je demande également que la population soit à l’avenir consultée sur tous les grands projets de ce type.
Sur Fessenheim, je me suis engagée à ne pas fermer la centrale nucléaire. Je prends le même engagement pour la centrale de Cattenom. Le nucléaire est une énergie propre, qui ne rejette pas de CO2 et qui renforce notre indépendance énergétique. Et l'Autorité de Sûreté Nucléaire a rendu des avis rassurants. Nous renforcerons les contrôles et j’engagerai le Grand carénage pour allonger la durée de vie et renforcer la sécurité des centrales. Mais cela nécessite un engagement plein et entier de l’État pour cette filière, très importante pour notre pays : EDF restera donc une entreprise publique et sera confortée dans ses missions de services publics.
A cinq ours du 1er tour, quel est votre message aux électeurs qui doutent, qui hésitent ou qui renoncent à aller voter par désespoir, par dégoût de la politique ?
Je leur dis de voter avec leur cœur ! Je crois en la France, je crois dans le génie français. Je le répète, nous sommes un grand peuple, une grande nation, nous avons encore un beau message à délivrer au monde. Je leur demande de ne pas croire les agents du système, qui distillent jour après jour leur propagande, leurs mensonges et qui répandent de fausses rumeurs pour diviser les Français.
Je suis la candidate du peuple, celle qui se bat pour le peuple français, contre l’oligarchie, contre les grandes puissances financières, contre les technocrates non-élus de Bruxelles. Je veux redonner le goût de la France aux Français, je veux qu’ils retrouvent l’envie de s’engager. Je veux que nous retrouvions notre unité de peuple et la concorde nationale. Mais pour atteindre cet objectif, j’ai besoin qu’ils aillent voter et que les abstentionnistes se mobilisent. Car ensemble, nous Français, nous changerons enfin les choses !
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