Législatives: en Meurthe-et-Moselle, l’accord LR-UDI appliqué pour "offrir une majorité à Fillon"
La droite et le centre ont présenté jeudi leurs six candidats en Meurthe-et-Moselle pour les législatives de juin prochain. Un accord qui a pour objectif d’offrir une majorité "forte et cohérente" à François Fillon en cas de victoire à la présidentielle. Pour l’instant, le candidat est distancé à la troisième place dans les sondages.
Le député Les Républicains et patron de la commission d’investiture (CNI) du parti Jean-François Lamour a confirmé jeudi les six investitures LR-UDI pour les circonscriptions de Meurthe-et-Moselle à vingt-quatre jours du premier tour de la présidentielle et à trois mois des élections législatives aux contours très incertains. Alors que le candidat de la droite et du centre François Fillon est largement distancé dans les sondages à la troisième place derrière Mme Le Pen et M. Macron, l’accord entre l’UDI et Les Républicains "a pour objectif d’offrir une majorité parlementaire forte et cohérente", affirme-t-il.
Accouché dans la douleur, cet accord entre l’UDI et LR qui offre 96 circonscriptions au parti centriste (deux en Meurthe-et-Moselle) a été un temps dans le brouillard en pleine affaire Fillon après sa mise en examen. Le parti centriste qui avait suspendu son soutien au candidat se tournant vers Alain Juppé a finalement considéré qu’aucun plan B n’était sur la table, se résignant à faire la campagne de François Fillon. "Sur le terrain, c’est difficile de faire sa campagne…" affirme un militant centriste de Nancy. "François Fillon a été clair dans son discours du Trocadéro, il a laissé la porte ouverte à un retrait mais aucun plan B ne s’est présenté. Juppé a refusé" tranche M. Lamour. "L’UDI est derrière François Fillon, son programme est le seul qui propose un programme de redressement" assure-t-il.
"Je peux vous assurer que je suis vacciné contre les mauvais sondages…" assure le patron de la commission nationale d’investiture qui croit toujours à la victoire de François Fillon. Ainsi, dans la 1ère circonscription de Meurthe-et-Moselle, Mostafa Fourar (adjoint à l’Education à la ville de Nancy, NDLR) a décroché sans surprise la double investiture UDI-LR. "Je me réjouis de cette clarification, je vais pouvoir faire campagne clairement, la campagne s’annonce plus difficile que prévu" note, lucide, l’homme issu de la société civile et "non encarté". Et pour cause. Le maire (LR) de Saint-Max, Eric Pensalfin a décidé de jouer les trouble-fête. Le dissident qui a décidé de maintenir sa candidature contre l’avis des Républicains compte bien faire campagne "jusqu’au bout" assure-t-il. Jean-François Lamour a confirmé que les instances de la CNI allaient prendre "toutes les mesures nécessaires" – comprendre une possible sanction – et allait aussi recadrer Nadine Morano, membre de cette même CNI et eurodéputée qui fait campagne pour le candidat dissident.
- "Macron c'est le Pôle Emploi du PS" -
Dans la 2ème circonscription de Meurthe-et-Moselle, c’est Valérie Debord qui va retenter l’aventure. "C’est uni que nous allons y arriver, nous avons gagné la ville de Nancy, la région Grand-Est avec un accord UDI-LR" rappelle-t-elle. L’ancienne députée défaite lors des législatives de 2012 par la "vague rose" aura quant à elle un autre élu divers-droite face à sa candidature. Laurent Garcia, maire de Laxou, a annoncé briguer la députation. Ancien membre de l’UDI, il n’a plus d’étiquette depuis 2010. "Le ni-droite, ni gauche fait le lit des extrêmes" tranche Laurent Hénart, président du Parti Radical qui a été à la manœuvre pour décrocher cet accord entre l’UDI et Les Républicains. Pour lui, les candidatures sans étiquettes reviennent à s’isoler à l’Assemblée nationale en cas d’élection. "Il faut siéger au sein d’un groupe, c’est plus cohérent. Les sans étiquette reviennent à l’idée du MoDem en 2007 et 2012 et maintenant à En Marche! " tacle-t-il.
Jean François Lamour et Jacques Lamblin, député-maire de Lunéville et président de la fédération LR de Meurthe-et-Moselle.
Du côté de la 3ème circonscription, c’est Véronique Guillotin (UDI-LR) qui a décroché l’investiture. Véronique Guillotin. L’occasion pour elle "de rappeler l’importance du frontalier et de lutter contre le FN dans un secteur où paradoxalement il progresse" dit-elle alors qu’elle aura à affronter un vieux routier de la politique, le ministre du Budget Christian Eckert qui remet en jeu sa circonscription. Le soutien de Benoit Hamon qui refuse de rallier Emmanuel Macron entend jouer à fond le "local" et a multiplié ces derniers mois les déplacements en tant que membre du gouvernement sur ses terres. Là aussi un candidat de droite dissident va jouer les trouble-fête. Mathieu Servagi qui n’a pas obtenu l’investiture LR et UDI a tout-de-même lancé sa campagne "sans étiquette" il y a une vingtaine de jours.
- Des candidatures discidentes dans plusieurs circonscriptions -
Dans la 4ème circonscription, Thibaut Bazin, proche du député-maire sortant de Lunéville Jacques Lamblin – qui est d’ailleurs candidat comme suppléant – est le benjamin de la droite et du centre. "Nous allons offrir une majorité à François Fillon qui a un projet concret sur le plein emploi" assure-t-il. Le député-maire de la ville, proche du candidat à la présidentielle qu’il n’a pas lâché malgré la tempête considère que les Français "veulent l’alternance" et tourneront le dos à Emmanuel Macron "devenu le Pôle Emploi du PS". C’est la seule circonscription décrochée par la droite à l’issue des dernières législatives.
Du côté de la 5ème, l’ancien député-suppléant de Nadine Morano Philippe Morenvillier qui a siégé à sa place pendant qu’elle était ministre retrouve le chemin de la campagne. Défait à une élection municipale partielle en 2016, l’ex-maire de Velaine-en-Haye compte bien battre Dominique Potier (PS) qui avait fait tomber Nadine Morano il y a cinq ans. "Les Français ne veulent plus du hollandisme, ils plaident pour une alternance claire" assure-t-il, lisant son bilan de député. Lui qui a commencé à faire du porte-à-porte constate qu’il est "difficile" de faire la campagne de François Fillon.
Enfin, dans la 6ème circonscription de Meurthe-et-Moselle, la jeune maire de Chambley-Buissières Lise Roseleur a obtenu l’investiture LR-UDI. L’une des plus jeunes maires du Grand-Est, 31 ans, va mener sa première campagne législatives, une occasion de montrer "que la politique locale est aussi faite de nouveaux visages". L’élue régionale va tenter de faire tomber un PS bien installé. Même si le député socialiste sortant Jean-Yves Le Déaut – récent soutien de Macron - ne rempile pas, il a adoubé l’un de ses poulains, Julien Vaillant qu’il compte bien pousser jusqu’au Palais Bourbon.
0 Commentaire