A Nancy, Xavier Bertrand à la reconquête de l'électorat populaire tenté par Macron et le FN
Le président Les Républicains de la région Hauts-de-France a tenté vendredi à Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) de reconquérir l'électorat "populaire" largement perdu par François Fillon et tenté par le vote Macron voire la solution Front national. Distancé dans les sondages et même talonné par Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la droite doit "parler aux ouvriers" selon l'élu LR.
Le rendez-vous est donné dans une salle des fête fondue au milieu des barres HLM de la ville populaire de Vandoeuvre, en banlieue de Nancy. Dans cette ville le PS domine largement les élections intermédiaires et le Front national progresse à vue d'oeil. Aux législatives de 2012, la députée UMP sortante de l'époque Valérie Debord, proche de Nicolas Sarkozy, est défaite par la gauche. Cette fois, l'élue veut prendre sa revanche sur ces terres de gauche qu'elle entend bien faire basculer à l'occasion d'une nouvelle campagne des législatives. A 23 jours d'une présidentielle à l'issue totalement inconnue, l'ancien ministre et nouveau président de la grande région Nord a répondu à l'invitation de la candidate à la députation. L'occasion pour M. Bertrand, resté discret dans les médias en pleine tourmente Fillon d'arpenter les territoires où le FN progresse et où la "droite républicaine n'est pas audible".
"Je fais 11 000 kilomètres par mois" assure-t-il entre deux TGV et des kilomètres avalés durant cette campagne folle où il enchaîne les petits meetings, misant aussi sur les "réunions d'appartements" et les réseaux sociaux.
- Reparler aux ouvriers et employés -
Ce soir là à Vandoeuvre - alors que le candidat à la présidentielle est dans le sud - de nombreuses têtes grises se sont pressées dans la petite salle des fêtes de Vandoeuvre-lès-Nancy. Peu de jeunes malgré les affichettes "les jeunes avec Fillon". Sur les murs de la salle des affiches avec une photo de François Fillon face au vent et à la pluie lors de son rassemblement du Trocadéro comme pour mieux rappeler qu'il tient dans la tempête. "Il faut parler à cette France du travail, cette France ouvrière" assure Xavier Bertrand qui rappelle que de nombreux ouvriers et employés s'étaient portés sur la candidature de Nicolas Sarkozy en 2007. "On est dans le cycle de la dernière chance" agite Bertrand qui assure que cette fois "l'épouvantail peut gagner".
L'ancien candidat aux régionales connaît bien cet épouvantail Le Pen qu'il a dû affronter en décembre 2015 sur ces terres ouvrières du nord. Marine Le Pen a fait trembler la droite et la gauche en montrant qu'elle pouvait gagner une région de plus de 6 millions d'habitants. "Et pourquoi pas le pays?" s'interroge M. Bertrand.
Xavier Bertrand y croit toujours malgré les sondages "qui bougent tout le temps". Le camp Fillon croit que tout va se jouer durant les quinze derniers jours et que le candidat "Emmanuel Hollande" va s'effondrer avec son positionnement "flou" du "ni droite, ni gauche" ou du "gauche et droite". "C'est sûr, tout va se jouer durant les deux dernières semaines" assure le présiden de région. "On revit la campagne de 2012, d'une violence totale, on assurait pourtant que Jospin allait gagner". Sur le terrain, Xavier Bertrand répète l'élément de langage du moment préféré du clan Fillon: "notre candidat est le seul à pouvoir s'appuyer sur une majorité parlementaire claire et solide" assure-t-il. Laurent Hénart abonde assurant que les "législatives sont directement liées à la présidentielle" assure l'élu UDI qui avait appelé M. Fillon à se retirer car la "défaite était clairement assurée". "Les Français veulent des actes, des résultats et pas seulement des discours anti-FN qui ne servent plus a rien" reconnaît l'élu Les Républicains. "Ils veulent qu'on leur reparte du travail, de la famille, de toutes ces valeurs. Je sais qu'il y a des doutes, qu'on se pose des questions" reconnaît-il alors que le climat des affaires visant François Fillon pollue toujours sa campagne. "Il y a encore de nombreux Français qui ne savent pas pour qui voter et surtout il y a seulement 74% des électeurs qui se disent certains d'aller voter. Nous devons parler du programme, rien que du programme de notre candidat" poursuit Bertrand qui assure que sur la promesse non tenue du retrait en cas de mise en examen, les Français "choisiront" entre les candidats. "François Fillon est le seul qui porte un programme de redressement, de vérité" assure l'ancien ministre du Travail qui juge réaliste de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires même dans les hôpitaux notamment en réduisant les postes administratifs.
- Fillon est le "seul" à pouvoir obtenir une majorité -
Il rappelle que seuls 60% des électeurs de Nicolas Sarkozy veulent voter François Fillon. "Trop peu" pour Xavier Bertrand qui veut parler à ces électeurs qui se tournent de plus en plus vers Marine Le Pen qui séduit 40% des électeurs ouvriers, selon des sondages. "Aujourd'hui c'est possible de reconquérir ces électeurs populaires, il faut aider les Français qui bossent" martèle Xavier Bertrand. "Avant notre mouvement s'appelait UMP et comportait le terme populaire dans le bon sens du terme. Les Républicains c'est le parti du peuple" assure Valérie Debord alors que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se disputent ce terme sur leurs affiches officielles de campagne. L'eurodéputée Nadine Morano présente dans la salle et qui a hésité à appeler Fillon à se retirer reconnaît une campagne "difficile" et "douloureuse". Mais celle qui a échoué à se présenter à la primaire de la droite ne manque pas de flinguer ce "concept copié sur le PS". Défendant de nouveau Fillon dont elle avait appelé à soutenir la candidature face à Juppé, Mme Morano a assuré qu'elle n'entendait pas défendre un "Hollande bis" avec la candidature d'Emmanuel Macron. Surfant sur la théorie du complot, l'élue de Meurthe-et-Moselle n'a pas hésité à viser Hollande et l"exécutif qui fait "tout pour empêcher la victoire de François Fillon et l'alternance". Défendant son programme économique, de défense, de relations internationales, Mme Morano assure que François Fillon est le seul à "redonner grandeur à la France" face à "l'expérience" Macron et "l'impasse Le Pen".
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